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29 août 2014 5 29 /08 /août /2014 10:12

En fait, ça commence toujours de la même manière : un (bon) copain me suggère insidieusement la conception d'un modèle a priori inconcevable et je me retrouve embarqué dans une galère de plusieurs mois. Tout modéliste doit être un masochiste qui s'ignore...

En l'occurrence, le défi proposé par l'ami Georges a été à peu de choses près le suivant : « Je cherche pour les jeunes débutants de mon club un avion que tous puissent construire et piloter. Ils ont très peu de moyens financiers, ils n'ont jamais construit quoi que ce soit, j'ai peu de matériel et pas les moyens d'investir et nous disposerons au mieux d'un terrain de foot pour voler. »

Voilà un cahier des charges à peu près aussi précis et irréalisable que celui de la première 2 CV (« Un moteur, quatre roues, un parapluie,... », vous connaissez la suite). Joyeuse excitation dans les neurones !

Un petit tour du côté des modèles du commerce suffit à me dissuader d'emprunter cette voie. Trop chers et surtout complètement en dehors de l'objectif éducatif que nous poursuivons au CLAP : il est hors de question pour nous de former des consommateurs béats, notre ambition est plutôt de former des modélistes intelligents, citoyens et capables d'effectuer des choix raisonnés. Pas toujours gagné !

Au boulot ! Procédons méthodiquement. Ma première tâche va consister à affiner autant que faire se peut le cahier des charges minimaliste de départ et à effectuer en parallèle les choix permettant de s'en approcher au maximum.

Ayant expérimenté depuis de nombreuses années des méthodes de construction « low cost » au travers, notamment, de l'encadrement d'une bonne quinzaine de stages basés sur le fameux Poly, que ce soit au FITEM ou ailleurs, j'ai naturellement été influencé par ce modèle dans ma réflexion. Au passage, je tiens à rappeler que ce modèle date maintenant d'une vingtaine d'années et que son concepteur, Patrick Nicolas, n'a pas attendu la mode du Dépron pour utiliser celui-ci dans la construction des modèles réduits. À rappeler aussi que plusieurs centaines de Polys ont été construits et ont volé avec succès au cours de ces stages et dans les clubs en utilisant la notice de construction que j'avais rédigée à l'époque. Je sais, le Poly a de nombreux détracteurs. Pour en avoir rencontré de nombreux, j'ai pu constater qu'ils avaient plusieurs points communs : ils n'avaient jamais construit de Poly, ils n'en avaient jamais fait voler, et surtout ils n'avaient jamais participé à la formation des débutants.

Revenons à nos moutons. Le choix du Dépron s'impose dès que l'on parle de construction économique. Ce choix va dicter les principales caractéristiques du modèle : l'envergure (1 m 25, soit la longueur d'une plaque Dépron), la longueur (inférieure à 0 m 80, la largeur de la deuxième plaque). Ces dimensions moyennes devraient permettre de réaliser un bon compromis entre l'aspect économique du projet et la mise au point de l'appareil, un appareil de petites dimensions étant généralement pointu à construire et piloter.

En partant de cette base, voici les caractéristiques du modèle telles que je les ai définies à la création du modèle (texte de 2002, construction avec les matériels couramment disponibles à cette époque) :

" - construction tout Dépron, proche de celle du Poly ;

- modèle 2 axes ;

- envergure 1,25 m (longueur de la plaque de Dépron), longueur : 0,75 m (largeur de la plaque de Dépron = 0,80 m) ;

- profil perso 180 mm de corde, 11% d'épaisseur, caractéristiques affinées avec la soufflerie virtuelle Design Foil;

- surface alaire : 22, 5 dm² ;

- masse totale en état de vol : inférieure à 650 g => charge alaire <> 30g/dm² (ça, c'est pour les maçons, en fait, j'arrive à moins de 600 g et donc 26.66 g/ dm²) ;

- motorisation format 400 6V, variateur 30 ampères BEC (surdimensionné, mais c'est celui que j'avais dans ma caisse), hélice APC 7x3 en direct, pack propulsion 7 éléments NiCd ;

- radio 3 voies, servos standard ;.

Coût hors radio, mais avec la motorisation, le variateur et les accus : inférieur à 50 € (la structure seule revient à environ 5 €)

Après de longues séances d'essais du proto 01 (une trentaine de vols et aucune casse), quelques conclusions :

- Je n'ai corrigé que le débattement des gouvernes et le piqueur moteur qui était à peine suffisant;

- décollage du sol possible mais difficile pour des débutants complets si le vent n'est pas pile poil dans l'axe (2 axes, train classique + béquille fixe) ;

- en lancer main, une pichenette sans élan suffit. Prise d'altitude rapide avec un angle qui peut être important (> 30°) sans velléités de décrochage ;

- le vol moteur coupé est un plané de Poly avec un plan à peine plus prononcé ;

- pour le reste du vol, gaz au 1/4 de la course pour la tenue en palier, pilotage pratiquement avec le seul manche de droite, la tenue d'assiette s'effectuant aux gaz. La profondeur ne sert que pour réaliser des atterrissages en kiss landing ;

- le décrochage survient à - très - basse vitesse, bien en ligne. Il suffit de tout lâcher pour retrouver une ligne de vol orthodoxe ;

- le machin se retourne la crêpe assez facilement : boucle sans problème après une légère prise de badin, id. pour le renversement, le vol dos tient comme sur un deux axes avec un profil plan convexe : manche au tableau, gaz aux 3/4 et on ne touche pas à l'inclinaison.

- durée de vol avec un accu NiCd 7 éléments 550 mAh : vol calme : au minimum 10 minutes (+ si pompes), vol musclé : environ 6 minutes. Si le père Noël passe en juillet, j'essaierai avec des NiMH, on doit pouvoir atteindre au moins les 20 minutes."

Connaissez-vous l'Izicraft ?

Depuis la création, le modèle n'a subi que peu de modifications, mais toujours dans le sens d'une amélioration des performances sans augmenter le coût et sans déroger au cahier des charges de départ :

- Avec l'avènement des moteurs brushless et des accus LiPo, remotorisation avec un brushless de 150 W (env. 70g, 1100 kv), contrôleur 18A, accu 3S 2200mAh, hélice 9 x 4.5 ;

- Passage en 3 axes avec 4 mini-servos (1 tangage, 1 lacet et 1 par aileron). Radio 4 voies 2,4 GHz.

La publication du plan et de deux notices (notice technique dessinée assortie d'une notice en photos destinée à montrer quelques tours de main) ont assuré à ce modèle un beau succès. Tapez seulement "Izicraft" sur un moteur de recherche et vous trouverez des constructeurs en France, bien sûr, mais aussi en Irlande, au Brésil, en Roumanie, en Australie, au Cambodge, ... Au total, j'en ai repéré un peu plus de 800 au fil des années, et nombreux sont ceux dont l'Izicraft a été le premier modèle RC.

Alors, pourquoi pas vous ?

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commentaires

D
1 servo pour chaque ailaron, comment sont-ils branchés au récepteur? comment faire l-un en haut et l'autre en bas?<br /> Merci !
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C
This is really cool, I loved this very much..
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A
Super boulot. Bravo, Jean-Paul
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A
eau boulot, Jean-Paul
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